mardi 22 novembre 2011

Le mur et les politiques anti-immigration

Le mur entre les États-Unis et le Mexique  et la vision xénophobe des immigrants Mexicains sont souvent associées à l'actualité du pays. Cependant, on peut voir que ces chose remontes tout de même à une certaine époque.

Suite à cette énorme montée d’immigrants illégaux et des problèmes internes engendrés par ceux-ci, le gouvernement américain, sous la direction de George W. Bush, a voté avec une majorité, le «secure fence act »1, qui vise à construire sur 1200 km, le long de la frontière mexicaine et américaine, un mur, destiné à empêcher l’immigration clandestine aux États-Unis. Ce projet ambitieux a été voté en 2006 et devait être terminé d’ici 2008. Par contre, même en 2011, le mur n'est toujours pas terminée et a couté aux États-Unis une somme d'argent beaucoup plus importante que prévue.

Le mur, séparation sociale, écnomique et géographique
wikipédia

Bien que le concept de mur est tout récent dans l’actualité américaine, on peut observer à travers l’histoire qu’il y en a toujours eu sur une certaine forme dès le début du vingtième siècle. En effet, dès 1937, on pouvait retrouver des clôtures gardant la frontière des grandes villes, comme Nogales, San Ysidro et El Paso. Il faut noter que ces clôtures ont été principalement construites avec l’aide d’un financement provenant du gouvernement fédérale. Pour ce qui est des régions plus agricoles, se sont souvent des grands propriétaires de ranch qui ont parsemé des barrières délimitant le terrain. Ces barrières n’avait pas pour but d’empêcher les immigrants de physiquement traverser la frontière, mais était davantage symbolique, signifiant qu’ils n’étaient pas la bienvenue.
Les murs précédents s’avéraient plutôt inefficaces pour contrôler et régulariser l’immigration. C’est dans les années 70 et 80 qu’on lieu les premières constructions de mur imposants. En effet, ces murs pouvaient atteindre 3.5m2 de hauteur, mais se retrouvaient surtout dans des régions isolées et stratégiques. De plus, le projet finit par être d’une très petite envergure par rapport au plan de fortification initiale.
Cependant, les choses allaient changer suite aux événements du 11 septembre 2001. Avant cette tragique date tristement célèbre pour ses attentat, le président George W. Bush optait pour une augmentation des échanges entre le Mexique et les États-Unis et un rapprochement entre les deux pays. Mais, comme le mentionne Julie Dufort, spécialiste sur le sujet  «Cette vision était celle d’un président conscient de l’importance économique des échanges avec son voisin du Sud et sensible au poids politique croissant de la communauté hispanique. Mais le 12 septembre 2001, ce discours d’ouverture devint soudainement obsolète. »3 Donc, lorsque l’insécurité régnait plus fort que jamais aux États-Unis, ceux-ci ont décidé de se protéger avec un mur le long de la frontière du Mexique, réduisant les risques de passage terroriste et diminuant l’immigration illégale du même coup. Les événements du 11 septembre ont donc joué un rôle clef dans la construction d'un mur, puisque les États-Unis sont devenus un pays très méfiant et ils s'avéraient d'une importance capitale de contrôler ses frontières.
Le mur ''infranchissable''
Le figaro 
Ce projet qui semble être de très grande envergure apporte des critiques mitigés à travers le monde. En effet, ce projet, qui coûte plusieurs milliards de dollars n’est pas unanime aux Etats-Unis, tout d’abord au sujet de son efficacité. Il est vrai que l’immigration illégale a diminué depuis sa construction, mais elle est bien loin de s’être arrêtée totalement comme le souhaitait au départ le gouvernement américain. En effet, cela s’explique de plusieurs façons. Tout d’abord, le mur n’est pas continu et on retrouve plusieurs régions sans murs qui ne sont pas gardés et où les immigrants peuvent facilement  traverser. Cependant, ces régions sans murs débouchent souvent sur des régions de désert très arides et les gens qui le traversent sont souvent exposés à de graves dangers où la mort est fréquente. De plus, le mur en tant que telle présente quelques failles et est désuet à plusieurs endroits. En effet, dans quelques régions le mur est facilement franchissable et n’est qu’un gaspillage de matérielle.
Il est très important de noter que le mur n’est plus seulement une limite physique. En effet, plusieurs autres éléments contribuent à rendre difficile la traversé des sans-papiers vers les États-Unis. Tout d’abord, on retrouve un peu partout éparpillé sur la frontière des patrouilles chargées d’empêcher quiconque n’ayant pas le droit légalement de se trouver aux États-Unis d’y entrer. Ces patrouilles augmentent en nombre d’années en années et coûtent au gouvernement américain une petite fortune pour des résultats mitigés. Mais, ce ne sont pas que des patrouilles gouvernementales que l’on retrouve près des frontières mexicaines. Non, on y retrouve majoritairement des milices privées, des volontaires, qui font principalement ce service au nom du patriotisme américain. Ces divers groupes patrouillent les frontières où ils sont omniprésents et s’attaquent impunément aux immigrants tentant de franchir le mur.
Drone survolant la frontière mexicaine
Gizmodo.fr
Pour s’ajouter à ses milices armées, on retrouve à divers endroits des drones, qui serviront à épier la frontière du haut des airs, donnant un nouveau point de vue aux Américains patrouilleurs. Ces drones offrent une couverture de 24 heures par jour, et on l’avantage d’être sans pilote, ce qui facilite leur déplacement et leur utilisation.4 Dernièrement, l’état de l’Arizona a amené un nouvel outil pour tenter de stopper l’immigration illégale et a du même coup poussé un peu plus la xénophobie envers les hispaniques. En effet, la loi SB1070 ou mieux connue sous le nom de la loi des arrestations arbitraires, soumise par le sénateur de l’Arizona, suggère que, tout officier de la loi ou bien la représentant, ont le droit de procéder à des arrestations, sans aucun mandants, de toute personne susceptible d’être immigrant illégal5. La loi permet un vaste étalage d’actions, allant jusqu’à la saisie de biens, la fouille d’une demeure et l'attribution des services auxquels ils ont droit.
Cependant, il est possible de croire que le mur a sut diminuer l’immigration des sans-papiers aux États-Unis. En effet, on peut observer que, dans les dernières années, l’immigration illégale n’a jamais été aussi basse. Entre mars 2008 et mars 2009, seulement 175 000 mexicains ont traversé la frontière, le plus petit nombre de la décennie6. Par contre, il ne faut pas donner à tort tout le mérite au mur pour justifier cette baisse d’immigration. En effet, il est plus probable que cette baisse soit à cause de la récente récession aux États-Unis car, comme l’histoire nous a souvent démontré, l’immigration ce fait toujours plus rare en temps de crise économique. Mais, ultimement, la solution de mur est une solution éphémère et simpliste car, «Comment penser que face à des situations de misère avérée, de chômage, de carence ou d'absence de droits démocratiques, d'avenir, des hommes et des femmes puissent être stoppés par des murs, des barbelés et autres barrières ? » 7

1 Dufort, Julie, « Vous avez dit changement? La politique du mur États-Unis/Mexique d’Hier à Obama »
2 Ibid
3 Ibid.
4 RFI, http://www.rfi.fr/ameriques/20100901-drones-renforcer-controles-frontiere-entre-etats-unis-le-mexique
5 ROCHA José Luis, http://mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=20916
6 Le figaro, Http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2009/07/22/01011-20090722FILWWW00225-usa-l-immigration-mexicaine-au-plus-bas.php
7 GUILLO, Fabien,  http://www.geographie-sociale.org/mexique-usa-frontiere.htm

Sébastien Du Grenier